Le sport de haut niveau est souvent associé à la performance, à la rigueur, à la capacité de faire abstraction du mental. Pourtant, la réalité est bien plus humaine. Lors de son dernier match à Roland-Garros, la joueuse de tennis Caroline Garcia a livré un témoignage rare et précieux sur la place des émotions dans le sport :

« Les larmes coulent chaque jour, souvent l’envie de trop bien faire et mes émotions m’ont joué des tours ici. »

Ces mots résonnent avec force dans l’univers du sport, où l’émotion est parfois perçue comme un obstacle à la performance, voire une faiblesse. Or, elle peut devenir, à condition d’être reconnue et comprise, une véritable ressource mentale.

Les émotions : ni bonnes, ni mauvaises

L’une des grandes confusions dans notre culture sportive (et bien au-delà), c’est de classer les émotions en deux catégories : bonnes ou mauvaises.

Mais les émotions ne sont pas morales. Elles ne sont ni positives, ni négatives, elles sont simplement agréables ou désagréables. La joie, l’enthousiasme, la fierté sont agréables. La peur, la colère, la tristesse, le dégoût sont désagréables. La surprise, elle,peut être agréable ou désagréable selon le contexte. Mais toutes ont un message à transmettre. Et dans le feu de la compétition, mieux les connaître, c’est mieux se connaître.

Quand l’émotion nous submerge : ce que le corps révèle

Les émotions sont des réponses physiologiques à ce que nous vivons entre nos perceptions, nos attentes et nos valeurs. Avant d’être des pensées, d’être verbalisées, ce sont des sensations physiques : gorge serrée, souffle court, jambes lourdes, cœur qui s’accélère, mains moites, papillons dans le ventre…

Lorsque Caroline Garcia évoque les larmes, le plaisir mêlé à la pression, ou encore les souvenirs gravés à jamais, elle parle d’un corps qui parle, qui se souvient et qui ressent. Le sportif n’est pas un robot. Il est pleinement humain, avec une histoire, des aspirations, des doutes et un vécu émotionnel profond.

Transformer l’émotion en ressource grâce à la préparation mentale

La préparation mentale, la méditation de pleine conscience ou la Communication Non Violente (CNV) ne cherchent pas à « gérer » les émotions comme on éteint un incendie. Elles proposent au contraire d’écouter, de comprendre et de faire avec.

  • Par la méditation, on apprend à observer les émotions sans s’y perdre. On « respire » avec elles. On les accueille. Puis souvent, vient le pourquoi…

  • Par la CNV, on met des mots sur nos observations, nos ressentis, on relie l’émotion au besoin profond qu’elle révèle et qui n’est peut-être pas nourri.

Un athlète qui sait accueillir sa peur, c’est un athlète qui sait qu’il est vivant, qu’il tient à ce qu’il fait, qu’il sait voir le fondement de celle-ci et qu’il peut transformer cette peur en motivation, en présence, en alignement.

Conclusion : le courage d’être soi, même sur le terrain

Caroline Garcia n’a peut-être pas gagné Roland-Garros en simple. Mais elle a montré une autre forme de victoire : celle de rester fidèle à soi-même, à ses apprentissages et ses valeurs, de ne pas masquer sa vulnérabilité, et de faire de son émotion une alliée, non une ennemie.

Dans un monde sportif où l’on parle encore trop souvent de santé mentale, de charge émotionnelle et de pression invisible sans donner d’outils concret, son témoignage est un souffle d’humanité.

Et si la clé n’était pas de faire taire les émotions… mais d’apprendre à les écouter ?

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