Enfin un objet d’étude réjouissant : l’optimisme. Des chercheurs viennent d’expliquer ce phénomène et de le repérer dans notre cerveau.
Comment notre cerveau apprend-il de nos erreurs ? Préfère-t-il les bonnes nouvelles aux mauvaises ? C’est à ces questions qu’a répondu une équipe de chercheurs, menée par Stefano Palminteri (Inserm-ENS).
L’optimisme : un biais dans l’apprentissage
La tendance à voir le bon côté des choses a un nom en psychologie cognitive : le biais d’optimisme. Comme tout biais, il influence notre logique rationnelle, nos jugements ou nos décisions et par conséquent nos comportements (des études ont par exemple mis en évidence que les gros fumeurs sous-estimaient leur risque de mortalité prématurée ainsi que certaines femmes pour le risque de cancer du sein). Les chercheurs ont évalué la présence ou non de ce biais d’optimisme dans l’apprentissage de différentes personnes puis ont observé le cerveau de certaines à l’imagerie fonctionnelle.
Pour rechercher le biais, les scientifiques ont demandé à 85 personnes de choisir un symbole parmi deux à plusieurs reprises. Les 4 couples de symboles ont été utilisés 24 fois. A chaque fois, à la clé, un gain ou une perte de 50 centimes. Sauf, et les cobayes l’ignorent, qu’un symbole donné ne possède pas toujours la même probabilité de gagner. Le chercheur Stefano Palminteri explique la méthode : » au début, en choisissant un symbole, notre attente est neutre. Si l’on gagne 50 centimes, c’est une bonne surprise, donc une bonne nouvelle dans le sens où l’on obtient mieux que ce que l’on attendait. Et inversement si l’on perd cette somme. Au deuxième coup, nos expériences passées (avoir gagné ou perdu) auront modifié notre attente. Etudier l’apprentissage dans ce contexte consiste à voir comment les sujets choisissaient les symboles en fonction de ce que les coups d’avant leur avaient rapportés ».
Résultat, les participants accordaient aux bonnes nouvelles 50% plus d’importance en moyenne qu’aux mauvaises nouvelles. C’est à dire ? Si un symbole a d’abord apporté une victoire, il sera identifié comme « gagnant ». Et cela, même si entre temps, il a fait perdre de l’argent. « Nous avons constaté que même si une très faible probabilité de gagner était associée à un symbole, des personnes avaient tendance à le choisir plus que ce qu’elles auraient dû. Les sujets considéraient les options à très faible taux de gain meilleures que ce qu’elles n’étaient réellement », explique Stefano Palminteri. Mais pas toutes les personnes non plus. Celles ayant cette tendance à rejouer un symbole considéré comme une mauvaise option par les scientifiques en termes de probabilité étaient classés comme « optimistes ». Et les autres comme « réalistes ».
50 de ces participants ont réalisé le test sous le contrôle d’une IRM fonctionnelle qui mesurait leur activité cérébrale en même temps. Cette méthode permet en effet de visualiser la quantité d’oxygène – et donc la circulation sanguine – qui augmente dans les zones cérébrales activées. Les résultats ont été probants. Dès qu’un sujet gagnait de l’argent, l’une des régions cérébrales s’activait : le striatum ventral (NDLR : zone profonde dans notre cerveau et très ancienne en termes d’évolution). Mais surtout, en comparant les niveaux d’oxygène entre « optimistes » et « réalistes » dans cette zone, les chercheurs ont constaté qu’ils étaient quasiment deux fois plus élevés chez les premiers.
Le striatum ventral s’active au moment de la récompense, de manière deux fois plus intense chez ceux considérés comme des « optimistes » via le premier test © Stefano Palminteri
L’équipe ne s’arrête pas là et des études sont en cours pour réaliser ce même type de tests chez des sujets dont le biais de l’optimisme pourrait être altéré : par exemple chez des patients atteints de dépression où il serait absent. Ou bien chez ceux atteints de trouble addictif où il serait exacerbé. L’objectif derrière est qu’un jour, ces tests puissent aider dans le diagnostic de certaines pathologies psychologiques. Mais pas que. Stefano Palminteri y voit d’autres applications prometteuses : « documenter ce biais dans l’apprentissage de la population ouvrirait la réflexion sur de meilleures façons d’apprendre. Dans l’éducation, cela pourrait peut-être permettre (NDLR : les tests n’ont pas encore été réalisés sur des enfants) d’affirmer que la méthode des récompenses (bonnes notes) sont plus efficaces comme stratégie d’apprentissage ». Parce que ce n’est pas tout de connaître les origines de cet optimisme, encore faut-il le cultiver.
L’équipe ne s’arrête pas là et des études sont en cours pour réaliser ce même type de tests chez des sujets dont le biais de l’optimisme pourrait être altéré : par exemple chez des patients atteints de dépression où il serait absent. Ou bien chez ceux atteints de trouble addictif où il serait exacerbé. L’objectif derrière est qu’un jour, ces tests puissent aider dans le diagnostic de certaines pathologies psychologiques. Mais pas que. Stefano Palminteri y voit d’autres applications prometteuses : « documenter ce biais dans l’apprentissage de la population ouvrirait la réflexion sur de meilleures façons d’apprendre. Dans l’éducation, cela pourrait peut-être permettre (NDLR : les tests n’ont pas encore été réalisés sur des enfants) d’affirmer que la méthode des récompenses (bonnes notes) sont plus efficaces comme stratégie d’apprentissage ». Parce que ce n’est pas tout de connaître les origines de cet optimisme, encore faut-il le cultiver.
Sources :
– INSERM ( Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale)
– Sciences et Avenir
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